« L’auteur audiodescripteur nourrit d’une double sensibilité la singulière écriture qui est la sienne. D’une part, il doit avoir une porosité au projet de cinéma d’un réalisateur. Cette porosité lui insuffle une compréhension intuitive du film : au-delà d’une histoire, il saisit les enjeux d’une séquence, l’agencement d’un cadre visuel et sonore, la structure d’un plan ; bref, les partis-pris de mise en scène et les choix esthétiques opérés par un réalisateur.
Cette perception de l’unité sensible d’une œuvre ne peut pas être, dans un premier temps, analytique. Elle est immédiate et globale, condition sine qua non à la réalisation d’une Version Audio/Décrite de qualité.
D’autre part, l’auteur audiodescripteur doit posséder une compétence profonde de la langue – parfaite maîtrise de l’orthographe, de la grammaire, de la syntaxe et du lexique – de sorte que l’usage qu’il en fait ne soit jamais impulsé par une stricte capacité mécanique et/ou démonstrative, mais pétri d’une urgence sensible.
Par ailleurs, l’auteur audiodescripteur recueille avec précaution le visuel implicite qui surgit de la bande des sons. Il s’interroge sur ce que recèle la bande des images et que le son, à lui seul, ne permet pas de percevoir. Son texte – tout autant que son calage et son interprétation, son mixage ou son harmonisation avec la bande son – restitue le projet de cinéma d’un réalisateur.
Il n’y a pas d’auteur d’audiodescription. Il y a l’auteur de la Version Audio/Décrite d’un film. »
Marie Diagne
Tout en découvrant le montage et la scénarisation documentaire pour le cinéma, Marie Diagne s’est engagée dans la transmission du cinéma. Elle est une intervenante régulière des dispositifs nationaux d’éducation au cinéma et l’auteur de différents textes pédagogiques. Elle est réalisatrice de versions audiodécrites depuis 2007, travaille pour le cinéma, puis très rapidement pour d’autres formes d’expressions artistiques – et notamment les arts plastiques – ainsi que les sites et monuments patrimoniaux.