À la demande de lieux prestigieux et de manifestations cinématographiques – Le Festival Premiers Plans à Angers, la Médiathèque Marguerite Duras ou la Bibliothèque des Sciences et de l’Industrie de Paris ou encore Films en Bretagne et Zanzan Films – Le Cinéma Parle met en œuvre son Atelier de découverte sensible de l’audiodescription.
Ainsi, en juin 2014, Marie Diagne proposait une Découverte sensible de l’audiodescription à la Cité des Sciences et de l’Industrie de La Villette. Pour le numéro 20 de QSLD, le magazine du GIAA – Groupement des Intellectuels Aveugles ou Amblyopes, devenu aujourd’hui l’APIDV – Philippe Lumbroso en proposait un compte-rendu fidèle. En voici un extrait :
« L’atelier s’est déroulé en deux temps majeurs : le premier, uniquement sonore, a consisté en l’écoute de quelques minutes, sans visuel, de la bande-son d’un film dont Marie Diagne ne nous a révélé le titre qu’à la fin. Deux écoutes de la bande-son du film tel quelle, et une dernière fois audio décrite. Après chaque écoute, bien sûr le dialogue s’est noué (…) Sont ainsi apparus trois modes de perception : ce qui est perçu avec acuité, les éléments manquants, et un domaine intermédiaire, celui du trouble, du mystère, où sont perçues des choses dont le sens nous échappe, voire incompréhensibles, et donc qui nous interrogent.
Constat important : la première écoute est très importante, il y faut tout noter, car on n’écoute qu’une fois, une première fois. L’audio descripteur, qui doit transmettre au mieux le film, doit donc avoir une compréhension profonde du film et des intentions du réalisateur : plus il est sensible, pénétré par le film, moins il interprète. Fondamental est le respect de l’œuvre : ce n’est pas son film que l’audio descripteur doit transmettre, ni bien sûr que l’on se pâme devant sa prose, mais bien le sensible, les émotions voulues par le réalisateur. En particulier, la description, tout en livrant les informations apportées par l’image, (le descripteur doit distinguer ce qu’il y a sur l’image que la bande-son ne permet pas de percevoir) doit néanmoins fidèlement conserver l’ambiguïté, le trouble, les ellipses du film, sans intervenir, ni rien élucider que le film n’indique pas.
Un film est aussi fait, pour les non voyants comme pour les voyants, de ce qu’on ne voit pas, mais que l’on imagine, fantasme, du film qu’on se fait « dans sa tête », et l’audio description doit respecter cela. En résumé, ce qui est fortement ressorti de ce premier temps, c’est que les descripteurs ne sont pas des traducteurs d’images, encore moins des « cannes blanches », qu’il ne s’agit pas pour eux seulement d’écrire un texte, mais qu’il est au contraire pour eux plus important d’entendre, et, pour préserver l’émotion du film, de créer une partition sonore, tissée sur la bande-son d’origine. »